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Livres et recueils

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critiques littéraire

Revue Europe, Michel Ménaché

Comédienne et poète, Elisabeth Granjon partage depuis plus d’une une vingtaine d’années la vie d’un expatrié israélo-palestinien. En Israël et Cisjordanie, elle a effectué de nombreux voyages pour des retrouvailles familiales à Nazareth qui ont été l’occasion pour elle, non seulement de découvrir un pays déchiré et multiple, d’en vivre intensément les tensions, la propension à l’escalade permanente, la progression des haines racistes, mais aussi de constater les efforts de ceux qui tentent encore le rapprochement, les échanges culturels, le dialogue plutôt que les armes, au cœur éclaté du monothéisme et d’une utopie sioniste qui n’en finit pas de se saborder… C’est par le poème qu’elle évoque la vie quotidienne israélo-palestinienne en état d’alerte et la mosaïque mouvante des communautés en déshérence d’un passé et de mythes différemment revisités, arbitrairement revendiqués. Terre de violence, d’impatience et de délices où l’on mange des fruits gorgés de soleil mais aussi des fruits âpres, les cerises vertes ! Élisabeth Granjon, sur un rythme vif, s’exprime en vers brefs, jouant sur l’oralité, les bribes de dialogues, les ellipses. Sa verve d’une ironie mordante touche juste. De moins en moins étrangère, elle s’ouvre volontiers aux us et coutumes mais enfin s’indigne des entraves permanentes, des humiliations bureaucratiques et militaires, du sexisme vestimentaire, de tous les préjugés ravageurs. Des pierres aux kalachnikovs, des kippas aux kéfiés, du kasher au halal, des mezzés aux pastèques, elle casse les clichés, réactive les approches : « Je pense à la famille qui nous attend là-bas / ceux qu’on nomme ‘’Arabo-israéliens’’/ lien indéfectible / amour / nœud / difficultés / difficultés personnelles / difficultés spécifiques du pays / de ce pays / et celles communes / à toute famille métissée. » Et, au dehors, elle souffre de l’exaspérante multiplication des contrôles : « question / justification / fouille rapide / odieuse habitude / de la suspicion au faciès ». Même les panneaux indicateurs soulignent l’étrangeté multiple, indéchiffrable, de cette terre carrefour des civilisations méditerranéennes : « quatre alphabets pour un pays / hébreu / arabe / cyrillique / sans oublier le latin // se comprendre / tout un programme. » Langues bien vivantes qui pourtant « se dansent » et « se pleurent », « se psalmodient », « se crient d’une fenêtre à l’autre / se murmurent dans le cou / et caressent l’âme. » Les bruits de la rue semblent rivaliser : les cloches des églises, la voix amplifiée du muezzin et, dans l’intimité familiale du compagnon, la représentation identitaire s’invite sur les murs et les écrans : « au-dessus de la porte / une citation du coran / à la télé / en direct de la Mecque / les pèlerins tournent en rond / tandis que je tourne ma langue / sept fois dans ma bouche / pour tenter d’expliquer / la laïcité…» Murs et barbelés se referment partout, même dans les têtes ! De plus en plus, la religion tient lieu d’étendard : « ici / le mot religion / qui structure la société / me donne des boutons // ici / il y a peu / la confession était inscrite / sur le passeport / je ne veux pas / qu’on me résume. » La raison, arme prépondérante de résistance au dogme n’y résiste pas. La poésie y parviendra peut-être, avec sensibilité et subtilité ! Fascination des paysages divers revisités, sensations fortes retrouvées : « cinq heures du matin […] nous sommes nombreux / promeneurs et joggers / sur le sentier du Mont Tabor / dominant les lumières de Nazareth / […] lever de soleil prodigieux / sur la plaine de Galilée // c’était quand / la dernière fois / où j’ai assisté / à la naissance du monde. » Et d’un point de vue remarquable sur des champs en damier, les témoins « contemplent en silence // ils admirent leur pays / juif et arabe réunis / dans mon regard / deux faces / d’une même pièce » Élisabeth Granjon ose alors une note d’espérance : « je pronostique des embellies // la terre enfantera encore / malgré ses brûlures / la rouille et les bourgeons / feront l’amour / et engendreront un nouveau printemps. » Au plus bas des profondeurs terrestres, la beauté étrange de la Mer Morte « au nom de finitude » trouble la visiteuse : « on redevient enfant / flottant dans le ventre maternel.» À Eilat, sur la Mer rouge, elle note : « partout / cette joie de l’instant / palpable / malgré les roquettes / dans le ciel […] cette ivresse à vivre léger / frôle le miracle.» Enfin, Élisabeth Granjon célèbre une heureuse forme de résistance à la domination aveugle, aux abus, au fanatisme religieux. À l’instar de l’orchestre créé naguère par Daniel Barenboïm, l’ouverture à la culture de l’autre, telle la naissance à Nazareth d’un théâtre bilingue créé d’un élan solidaire : « apprendre que ce spectacle israélo-palestinien / est joué à l’international / malgré ses petits moyens / et les costumes bricolés / au fond d’une arrière cuisine…» Le courage de vivre son humanité, sans la peur d’être désigné comme traître, en dépit des appels à la vengeance, de l’état de guerre ravageur… L’humour et la sensibilité bienveillante d’Élisabeth G. apportent à ce livre, une tonalité rafraîchissante, en ce pays enfanté dans la douleur, brûlant sous le soleil et les bombes… Voir mûrir d’autres dialogues fédérateurs, et pour une fois peut-être, laisser mûrir les cerises ! -Au bout de combien de voyages à Nazareth ? Combien de cafés à la cardamome ? Michel MÉNACHÉ

critiques littéraire

Revue Coup de soleil, Michel Ménassé//

Co-équipière d’une traversée de l’Atlantique à la voile, Élisabeth Granjon, dramaturge, comédienne et poète, compose une cantate des eaux, drissée au corps-à-corps avec les éléments, dont le titre choc annonce métaphoriquement le rythme et le ring, la houle et l’ivresse. Une claque d’eau salée s’ouvre d’une même voix qui dit le corps et la mer en fusion fluide : « Je suis la mer / eau et sel / brise et courants […] je suis eau / jusqu’au plus profond / de mes os ». C’est « la mer en écharpe », qu’Élisabeth fuit les eaux trop douces des confluences lyonnaises pour vivre pleinement : « Je me défais / de mes terrains vagues / de mes évidences / et monotonies […] je largue la terre ferme / entre dans l’épopée…». Toutes les perceptions sensorielles sont à la mesure des éléments aux horizons illimités : « comme jamais le ciel / flotte et se noie / dans mes bras… » L’expérience physique menée à bord change aussi l’autoportrait maritime, à l’épreuve : « je deviens / un peu sauvage / un peu farouche / louve de mer ». Et, dans la tempête, c’est bien d’un combat qu’il est question ; le langage lui-même tangue et se soulève, sans hyperboles hugoliennes, au cordage de la concision : « ça me rafale / me renverse / m’enfièvre / je tempête à l’unisson ». Les impressions nocturnes surgissent comme des visions dantesques : « la mer a agité la nuit / de ses esclandres / elle fracasse le noir […] on dirait qu’une forge / brûle là-dessous / on dirait /on dirait que c’est / oui / la fin ». De cette expérience fondatrice, Elisabeth Granjon, avec humour et émotion, tire un chant qui évite le ressac sémantique grâce à la force des images, la puissance des représentations animées, et surtout à la vivacité du rythme. Si elle conclut : « je suis eau / pour toujours », elle se tourne, d’une pensée fraternelle, vers ceux qui, « dans l’espoir d’un meilleur avenir, embarquent au péril de leur vie pour des traversées maritimes d’une toute autre nature. » (Note aux lecteurs) Poésie généreuse pour vivre mieux, en haute mer comme en basse terre… 2024

Critiques littéraire

Journal Expression Vénissieux//

Dans la peau d'une étrangère. Toujours à La Rumeur libre, la comédienne Élisabeth Granjon, que l’on connaît bien à Vénissieux pour l’avoir souvent vue dans des spectacles de la compagnie Traction Avant, publie Ma voix Silence. “La question de la communication qu’Élisabeth aborde est cruciale dans l’accueil des publics allophones, dans leur inclusion et dans les relations sociales à établir”, ainsi que l’indique dans sa postface Patrice Vandamme, directeur artistique de la compagnie Les arTpenteurs, avec qui Élisabeth a également travaillé. Pour décrire un monde où l’on se méfie de tout ce qui sort du quotidien, l’autrice se met dans la peau d’une étrangère — “des sens et des alphabets nous séparent”, écrit-elle — et s’interroge : “Les animaux se comprennent-ils à travers les continents ?” Dans une série de beaux et courts poèmes, elle décrit son incapacité à participer à une conversation, puis ses tentatives plus ou moins fructueuses et ses replis. “Alors, je décide de prendre le silence comme on prendrait la parole” écrit-elle avec tristesse. Elle fait alors appel à ses sens : “Ouvrir mes écoutilles au langage des ondes, à l’infime et au sensitif, lire sur les peaux, écouter les odeurs d’ici, les battements et le vibrato”. Simple, prenante, l’écriture d’Élisabeth Granjon vous saisit. Qui a un jour posé ses valises ailleurs sera embarqué par la justesse de ses réflexions. Et par la sensibilité qui s’empare de chacune d’entre elles. Et l’on pense forcément à ceux qui, jetés sur les routes, n’ont même pas la possibilité d’expliquer le pourquoi de leur présence. Jean-Charles Lemeunier, le 13 décembre 2021

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Critiques littéraire

Maison de la poésie de la Drôme//

Un bon recueil que ce "Encore, et pourtant…", une écriture ciselée et qui nous touche ("Je me souviens D'une apnée infinie Un état d'apesanteur Un tremblement... " ), des mots, non des moindres, qui sortent des chemins battus du sentiment amoureux et nous surprennent, nous transforment.

 La cause littéraire, Parme Ceriset//

J’ai adoré ce recueil, la grande humanité, cette capacité à se mettre à la place d’autrui, dans son vécu, dans ses souffrances. En le lisant, on comprend vraiment ce que peut ressentir une personne arrivée dans un pays dont elle ne parle pas la langue et qui ne l’accueille pas toujours les bras ouverts, loin de là. Nous, pays qui avons tout, nous devrions réfléchir à notre sens de l’accueil. Est-ce que nous faisons preuve de générosité, d’humanité et surtout de fraternité envers les êtres qui arrivent en France après avoir traversé souvent beaucoup d’épreuves ? Est-ce que nous regardons Autrui comme un frère ; une sœur, au-delà de toutes les différences possibles ? Voilà les questions que soulève ce livre, tout en accordant une grande place à la langue, à son pouvoir, à l’importance de l’apprivoiser pour pouvoir s’adapter à une société et à son fonctionnement, et tenter d’en faire partie. Un grand bravo pour ce livre si puissant. -- Réalise-t-on toujours l’importance du langage comme vecteur d’intégration à une communauté humaine ? Selon le sociologue Pierre Bourdieu, les échanges langagiers ne reposent pas sur « un simple partage ». En effet, des jeux de pouvoir et de domination sont à l’œuvre entre les interlocuteurs. Ainsi, il en découle que celui ou celle qui ne maîtrise pas la langue d’un pays où il vient d’arriver se retrouve exclu du tissu social et privé de tout lien égalitaire avec ses semblables. Dans le recueil, Ma Voix silence, postfacé par Patrice Vandamme, Elisabeth Granjon réussit la prouesse de se glisser dans la peau d’une femme qui se trouverait dans cette situation. « Je suis l’autre », dit-elle. « Leur étrangère. L’autre / Seulement l’autre / Étrange / Étrangère ». Et la souffrance qui est celle de cette femme privée de conversation, « dissonante / dans ce pays-là » dont elle ne parle pas la langue, se vit dans le corps, de manière viscérale, presque comme un handicap : ainsi se sent-elle « amputée des mots », « comme une infirme / aux pieds de mousse », contrainte de « prendre appui / sur celui qui sait / qui a les mots »… On trouve de très belles allégories poétiques évoquant « la prison », des « murailles » infranchissables, le « tumulte des voix se fracassant sur les frontières de l’incompréhension ». Allégorie poétique textile également, avec cette avancée « au milieu des syllabes » qui « forment un maillage serré », pour tenter de se faufiler jusqu’à l’interlocuteur et saisir « le fil de la conversation ». La poète, en empathie complète avec le personnage qu’elle incarne, réalise que les efforts menés par les personnes issues de l’immigration pour « chercher la clé des phrases », « tourner les syllabes comme verrous » et s’intégrer, ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur : « Je fais l’effort / Un effort / n’importe qui / est capable de le repérer / non ». La détresse est alors de mise, et l’appel à la solidarité suit : « J’attends / que quelque chose advienne / que quelqu’un / me prenne par la main ». L’auteure, qui rêve « du temps d’avant Babel », souligne que ces problèmes de communication sont une spécificité humaine. Elle s’interroge : Les animaux / se comprennent-ils / par-delà les continents ? ». Ce livre est une formidable immersion humaine dans les valeurs fraternelles et l’altruisme de la poète. Il nous offre de suivre pas à pas, de poème en poème, les laborieuses étapes de l’apprentissage d’une langue, de la « musique éraillée et disharmonieuse d’une guitare sans cordes » à « la source musicale », jusqu’à ce sentiment de libération, quand les espaces creux se comblent et que l’héroïne du livre, « renouant avec les couleurs de l’enthousiasme », peut enfin communiquer efficacement et se sentir à l’unisson avec tous ses semblables, « dans l’humanité qui nous relie ». Parme Ceriset; paru dans La Cause littéraire,17 janvier 2024

De Gautier Marchado, metteur en scène//

Parfois la poésie appelle la voix. Pour ce voyage en Amour que nous propose Elisabeth Granjon dans Encore, et pourtant… c’est une voix chuchotée qui se fait porte-parole des mille voix intimes, à fleur de peau, que Cupidon malicieusement crée en nous. Cette voix nous rejoint et nous susurre, non sans violence parfois, le mélange des couleurs, l’embrasement du désir, de tous les désirs, les ratés aussi, et l’enfer des journées perdues dans l’attente et la solitude, la fatigue, et la chaine des pleurs Tu pleures sur moi qui pleure sur lui qui pleure sur celle qui pleure sur elle-même Car parfois l’amour, comme l’horizon, s’éloigne. Amour donc. Ou plutôt force mystérieuse. Souvenir d’une étreinte passée qui nous hante, que l’on poursuit dans les bras d’un autre. Soif absolue. Moteur. Cinquante huit instantanées de l’état amoureux dans un chaos de rythme, entre fulgurance et pensée suspendue, brouillage des proportions - comment puis-je à la fin me noyer dans ces yeux ? - où parfois le quotidien affleure, avec ses maux à lui. Ecriture tantôt hachée, lapidaire, qui donne naissance à une phrase. Tantôt liée et sûre d’elle-même. Car c’est avec la langue que l’on avance, avec ses balbutiements, tout le fragile dans les mots. Une écriture tenue par de multiples tensions, notamment le combat du désir contre nos morales qui briment. Une ode au joyeux bazar. Ne pas venir à bout des contradictions, mais se sentir plus humain à les regarder en face Chercher sa présence électrisante Me l’interdire pourtant Ne pas craindre nos peurs de l’horizon. Car l’amour toujours ouvre au jour nouveau. Laisser parler le corps bon sang ! Laisser parler le corps ! Là où les mots ne peuvent pas suivre ! Se découvrir hypersensible au monde extérieur, le voir comme on ne l’a jamais vu, puis la seconde d’après se trouver dans sa « bulle d’amour où le cri du vent ne nous atteint pas ». Une voix mosaïque pour dire encore - et tellement proche de nous - ce mystère, et cette rencontre attendue ardemment par tous de l’Amour avec l’Être Quand ta vie Contre la mienne Pétille Quand ma vie Contre la tienne Frétille Quand la douceur Devient bonheur Je ne pense plus Je suis

Revue Terre à ciel, Valérie Canat de Chizy //

 Terre à ciel, Valérie Canat de Chizy//

Comment communiquer lorsque l’on est à l’étranger et que l’on ne parle pas, ou mal, la langue du pays ? Élisabeth Granjon nous parle du sentiment d’être une étrangère, du sentiment d’étrangeté, de différence, dans un pays qui n’est pas le sien, un pays où elle est en touriste. Le fait de ne pas bien maîtriser la langue du pays dans lequel elle se trouve la gêne pour communiquer, pour s’intégrer, la met à l’écart. Je fais l’expérience de la pauvreté Oui, car être dépourvu de langue, de mots pour être en relation avec les autres, c’est faire l’expérience du vide. Les structures intérieures vacillent, les fondations sont ébranlées. Dépouillée du verbe mon intégrité s’effiloche ma personnalité prend l’eau Je gondole Être amputée des mots, c’est se sentir infirme. C’est ne pas pouvoir parler, ne pas pouvoir communiquer. Élisabeth Granjon aborde son expérience de touriste, mais sa situation peut évoquer la condition des migrants, exilés sur une terre d’accueil qui n’est pas la leur ; les personnes autistes ou souffrant de troubles de la communication ; les personnes atteintes de surdité qui ne comprennent pas ce que disent les autres, et qui peuvent se sentir étrangères dans leur propre pays. Dans le présent recueil, la poète, qui n’est dépourvue ni de la parole, ni de l’ouïe, tente comme elle peut de s’extirper de cette situation inconfortable. Elle cherche, teste différentes approches. Je cherche la clé des phrases la bonne tournure Je découvre Exerce mon oreille ma gorge Je conjugue Prononce assemble Je tourne les syllabes comme verrous à la porte de la culture Elle ouvre ses autres sens, et capte avec les yeux, qui entendent l’indicible / dans l’humanité qui nous relie. Élisabeth Granjon, tout en abordant un sujet douloureux, ne se départit pas de son humour, ni de son appétit de vivre, et c’est ce qui lui permet de prendre du recul. Envie d’un bon jeu de mots autant que d’un bon côtes-du-rhône Je glisse une petite annonce au fond de ma poche Échangerais un mois d’existence contre lapsus hilarant ou jolie contrepèterie même un peu tordue Parfois aussi, surgit l’envie de pleurer, parfois la détresse submerge. Parfois, une issue se profile : écrire, ou bâtir / un territoire intérieur / immense / dense / intense. J’oublie que je n’ai pas d’ailes je m’envole dec 23

Élisabeth Granjon parle d’amour et de désir, de ce qu’est attendre l’autre, de ce qu’est avoir besoin de l’autre. J’ai en moi Un espoir d’amour Qui danse Au fond Tout au fond L’amour est cette flamme qui nous réchauffe de l’intérieur, il est cet horizon vers lequel l’on tend, il est ce qui nous fait rêver, espérer. Sans amour, est-on vraiment vivant ? Les premiers textes parlent d’un amour non partagé : Je m’emballe / Mais toi, rien. Élisabeth Granjon dit la douleur, l’absence, le manque. Le cœur explosé suffoque, et les textes démêlent l’écheveau des sentiments, expriment le repli sur soi, l’obsession ; ils disent les images de l’autre qui viennent visiter, les désirs contradictoires, l’imagination ardente. La volonté, aussi, de sortir de ce cercle vicieux, et le désir d’une vraie rencontre. Matin, Si je te ressemble, Je hisserai l’ocre de l’été Je lèverai le flot De fabuleux jardins Et Je saurai pour demain Dire le mot Ensemble. Il souffle un vent de liberté et d’espoir dans ces pages qui évoquent le mental en fusion, les pulsions violentes, les chimères... Tout l’arsenal de la passion amoureuse est décrypté sans retenue, jusqu’aux plus intimes sensations, l’incandescente vibration, la morsure dans le ventre. Et nous suivons Élisabeth Granjon, avec sa robe orange et ses cheveux rouges, déambuler au milieu d’une route en pleine nuit, nous la suivons partir à la reconquête d’elle-même. Une reconquête qui passe par une nouvelle rencontre, véritable, cette-fois. Mon cœur s’est installé entre ses bras Dans notre bulle d’amour Le cri du vent ne nous atteint pas. avril 2019

Le pandemonium littéraire, Marianne Desroziers//

Qu’est-ce qu’aimer ? Vaste et inépuisable question qui résonne fort en chacun de nous et à laquelle Elisabeth Granjon tente de répondre dans cet élégant recueil poétique publié par Christophe Chomant Editeur. Elle nous propose en effet pas moins de 58 poèmes, plus ou moins longs, tantôt une ligne, tantôt un peu plus d’une page, pour exprimer toute la palette de l’état amoureux : de l’exaltation du désir, au contentement et à la plénitude du corps et du coeur à l’insupportable attente des retrouvailles, en passant par la douleur du manque et de l’indifférence de l’autre. On a pu découvrir le talent d’Elisabeth Granjon, entre autres, dans la revue l’Ampoule, avec son étonnant mode d’emploi pour se transformer en théière, rivalisant avec les plus grands best-seller de développement personnel (mais en beaucoup plus malin et bien mieux écrit !). Elisabeth Granjon, femme aux talents artistiques multiples – poète, nouvelliste, dramaturge et comédienne, ausculte ici avec simplicité, sensibilité et justesse les états d’âme d’une femme désirante d’aujourd’hui (et peut-être d’hier ?), à la fois forte et fragile, mais intensément vivante, naviguant entre réalité et imaginaire. Un petit air d’Annie Ernaux qui n’est pas pour me déplaire… Quelques extraits, parmi mes préférés : “L’attente Elle te vrille et te tord Elle te vide et te mord L’attente.” “Ca fait du bruit à l’intérieur Ca vibre dans ma tête Ca tremble dans mes os Ca cogne dans mes veines Pas de soupape.” “Mon coeur s’est installée entre ses bras Dans notre bulle d’amour Le cri du vent ne nous atteint pas” “Ne pas montrer Cette petite peur indigo Tapie dans mon ventre” “L’absence de toi partout me happe Le lit envahit toute la chambre” Paru sur le site

Quelques revues et ouvrages collectifs parmi la trentaine 

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Elisabeth Granjon

Autrice

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